Traiter les procédures en 24 heures, un slogan politique
En ce début d'année 2024, l'asile fait la une de l'actualité politique et médiatique. Si le CFA de Boudry est régulièrement pointé du doigt, c'est lors d'une visite à Chiasso le 19 février que le nouveau conseiller fédéral Beat Jans annonçait ses premières mesures au sujet de l'asile. Ses projets ? Mener les procédures des requérants d'asile originaires du Maghreb en 24 heures et empêcher tout enregistrement d'une demande d'asile durant le weekend. Un moyen, selon lui, de libérer des places dans les centres d'asile et de dissuader les demandes vouées à l'échec.
Droit de Rester s'oppose fermement à ces annonces qui, non seulement ne servent absolument pas les buts qu'elles se donnent, mais renforcent encore d'avantage la stigmatisation des requérants d'asile maghrébins. Le passage de Louise Wehrli dans l'émission Forum du 29 février consacré notamment à cette question est sur ce lien.
Toujours sur la thématique des annonces de Beat Jans, Denise Graf a été interviewée par la WOZ dans un article qui pointe du doigt les faiblesses des mesures annoncées et revient sur les véritables problématiques du domaine de l'asile. Pour Denise Graf, "Les mesures qui pourraient y remédier sont connues depuis des années : des centres plus petits et plus familiaux, un encadrement plus complet au lieu de structures de sécurité disproportionnées - et plus de possibilités de travail ainsi que des contacts avec la société civile."
A ce sujet, nous vous invitons à signer la lettre ouverte du collectif Freiplatzaktion dont nous nous rallions entièrement au contenu (en français ici).
Sur cette thématique, retrouvez encore le très bon article de Sophie Guignard de Solidarité sans Frontières) : "Beaucoup d'attention médiatique. Peu de solutions." Le TF donne raison à Neuchâtel sur le non-renvoi d'un requérant d'asile vers l'Italie
L'affaire remonte à 2016. À cette époque, le SEM avait rendu une décision de non-entrée en matière à l'égard d'un requérant d'asile érythréen dont la compagne devait accoucher, ordonnant son renvoi vers l'Italie. Le canton de Neuchâtel avait 6 mois pour procéder au renvoi, mais il ne l'a pas fait, au motif de l'unité de la famille. L'enfant est né 2 jours après la date limite prévue pour le renvoi, l'homme a pu exprimer ses motifs d'asile devant le SEM et se voir reconnaître la qualité de réfugié. Toutefois, estimant que le canton avait manqué à ses obligations, le SEM a refusé de verser à Neuchâtel les subventions fédérales prévues.
Le canton a, lui, estimé qu'il était primordial de préserver l'unité de la famille et garantir que le père puisse être présent pour son enfant. Ce qui l'a poussé à recourir contre cette décision auprès du SEM, du TAF puis du TF. Conclusion : le 21 décembre 2023, le Tribunal Fédéral a donné tort au SEM et a considéré que l'attitude du canton était justifiée. L'affaire repart au SEM qui devra verser les indemnités qui lui sont dues au canton de Neuchâtel. Que cette décision incite davantage les cantons à user de leur marge de manoeuvre dans l'exécutions de ces renvois inacceptables.
Victoire ! Aide fédérale refusée à tort par le SEM, Vivre Ensemble
"Neuchâtel gagne contre Berne", Le Courrier  Un témoignage rare au coeur des centres d'asile
Ancienne infirmière dans le centre fédéral d'asile de Vallorbe, Annelise Bergmann-Zürcher raconte 10 ans de métier dans un livre paru aux Éditions d'en bas. Témoignage rare et poignant d'une professionnelle passionnée, ce livre nous invite au coeur des CFA. Une rencontre sera organisée prochainement par Droit de Rester à Neuchâtel, infos à suivre !
Retrouvez l'intervention d'Annelise Bergmann-Zürcher dans la Matinale de la RTS le 18 janvier dernier.
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